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UTAT 2018

Publié il y a 5 ans

UTAT 2018

Salaam alaikoum OUKAÏMEDEN # UTAT 2018

« Plus qu’une course, une aventure », voici ce que l’on peut voir sur la page d’accueil de l’UTAT (Ultra Trail Atlas Toubkal) et c’est vraiment une magnifique aventure humaine que nous avons pu vivre du 4 au 8 octobre 2018.

Voilà quasiment 1 an maintenant que mon inscription a été validée pour participer au marathon de l’Atlas. Ce sont des amis du club de Chalonnes : Christine et Alain Masson, Héloïse Ader et Allain Millet qui m’ont proposé de les accompagner, et après quelques jours d’hésitations, de visionnage et re-visionnage du site de l’UTAT, hop !  Je saute le pas, encouragée par les conseils de Pascal et Jacques qui avaient vécu l’aventure il y a quelques années version ultra trail pour eux bien-sûr.

Nous voici donc le 4 octobre, départ de la maison à 2h30 pour un avion à 6h du matin à Nantes, pas question de stresser sur la route ni de louper notre vol (conseil aussi de la team Bouquet/Debrard : prévoir large  au niveau timing pour ne pas rater son vol et devoir passer une nuit sur une banquette à Roissy…). Arrivée sur Marrakech à 7h30 heure locale, nous allons devoir patienter un peu car les premières navettes affrétées par l’organisation ne partent que vers 11h, ce qui nous permet déjà de faire connaissance avec d’autres coureurs qui patientent comme nous à l’aéroport. 12h départ de notre navette (le quart d’heure marocain est laaaarge),il fait déjà plus de 30 degrés, après une petite heure de route sur le plateau de Marrakech (j’avoue que je n’ai pas vraiment bien vu cette partie- là de la route, mes yeux se sont octroyé une petite pause, sans doute à cause du réveil très matinal) nous arrivons dans la vallée de l’Ourika, qui est une des vallée les plus fréquentée du haut Atlas changement de décor, le long de l’oued Ourika,  la végétation devient plus luxuriante, magnifique mosaïque de vergers, jardins et champs (agaves, figuiers de barbarie). Nous commençons l’ascension et tout au long de la route se succèdent petits villages à flanc de montagne, artisans ferronniers, potiers, tisserands, vendeurs de fruits et légumes. Le paysage est juste sublime et au fur et à mesure que l’on monte il y a de moins en moins de villages et d’habitations. La végétation laisse place à des arbustes, des forêts de cèdres et des champs de pierre ocre. Il faut presque 2 heures de route pour arriver à Oukaïmeden. La température est nettement plus basse (15-20°)

Oukaïmeden est la seule et unique station de ski du Maroc, située à 2600m d’altitude, la station est ouverte de décembre à avril en général. Pas de neige pour nous et heureusement. Mais la montagne accueille encore à cette époque les troupeaux de moutons (même des nouveaux nés) et les bergers vivent encore en famille dans les bergeries traditionnelles sans eau potable ni électricité.

Pour les coureurs, pas d’hébergement dans les bergeries mais le choix entre les tentes ou un dortoir au CAF (centre alpin français), nous avons fait le choix tous les 5 de prendre un lit dans un dortoir. Nous sommes accueilli par les bénévoles de l’UTAT et vous verrez plus tard que le terme « bénévole » à tout son sens ici. Mais aussi par une poignée de vendeurs à la sauvette (fruits secs, bijoux, pierres…) qui seront plus nombreux chaque jour.  Nous trouvons avec plus ou moins de facilité notre chambre, car le CAF se révèle être un vrai labyrinthe, mais après quelques essais infructueux nous voici à bon port, tous les 5 dans la même chambre, au final nous serons jusqu’à 12 dans ce dortoir. Nous faisons connaissance avec certains de nos compagnons de chambre, des coureurs du marathon mais aussi du 105, les autres arriverons plus tard voire en pleine nuit…

Puis nous décidons de visiter le village, et à cette altitude, la marche devient rapidement difficile (plus de souffle, on arrive à peine à parler en marchant, si si, pourtant c’est pas notre genre !) et là on se dit que ça va pas être simple de courir ici dans 2 jours, voire même plus haut puisque le marathon nous amène à 3200m d’altitude, mais bon pour le moment on en est à la visite qui est plutôt rapide puisqu’à cette saison, il n’y a pas grand-chose, la rue principale avec sa « tajine place » où tu peux manger un tajine pour pas grand-chose à tout heure du jour, quelques petites épiceries et puis « chez Juju », le seul hôtel, bar, restaurant de la station, le seul endroit aussi où on peut trouver de la bière ou du vin (en dehors du CAF) . La première Casablanca dégustée, on décide de monter encore un peu pour arriver aux bergeries et découvrir la vie difficile des familles des bergers berbères qui vivent ici dans des conditions précaires, sans confort ni hygiène là on a nettement moins envie de se plaindre de l’altitude ou de notre manque de souffle…

Les dossards sont récupérés en fin d’après-midi, la tension monte un peu à ce moment-là, mais bon pas d’inquiétude on a encore une journée avant le départ de la course. Nous prenons notre repas du soir dans la grande tente de la prairie décorée aux couleurs marocaines, tentures et tapis, petites tables rondes, l’ambiance est très bonne et chaleureuse, les serveurs marocains vraiment sympas. Après le repas nous retrouvons Laurence Guinet-baraut qui est podologue sur Angers, elle et son mari ont longtemps été bénévoles à l’UTAT et comme elle connaît bien Christine, Héloïse, Alain et Allain, elle a gentiment proposé de  nous accompagner pendant notre séjour, ce qui lui permet aussi de retrouver certains de ses amis. Nous l'avions rencontrée, elle et son mari avant le départ et ils nous avaient donné de nombreux conseils pour préparer notre séjour. Elle nous rassure énormément sur la course, l’organisation et le fait que nous allions assez vite nous adapter à l’altitude.

A 21h, avec la fatigue du voyage, notre réveil de très bonne heure, il n’y a plus personne…

Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil réparatrice, tout de suite l’altitude pèse moins sur nos organismes et nous profitons de la connaissance de la région de Laurence pour nous balader dans le coin et découvrir au-delà de la station une vue magnifique du haut de l’atlas et de ses sommets enneigés, c’est à couper le souffle tellement c’est beau, on a vraiment hâte d’en découvrir plus le lendemain. En fin de journée, nous sommes tous convoqué par le chef Cyrille Sismondi (organisateur) pour le briefing avant course et la distribution de notre road book. Bon et bien une chose est sûre, on a bien fait de pas s’inscrire sur le 105 car pour les 10 ans, en cadeau ils ont décidé d’augmenter légèrement la difficulté et de passer de 6500m de dénivelé à 8000m avec 3 passages à 3600m (5 cols à plus de 3000 et 5 autres à – de 3000), 40km en autonomie totale, assistance médicale haute montagne sur le parcours, certains bénévoles sont partis avec des mules depuis 2 jours afin d’apporter des tentes et des secours sur place, ils resteront 3 jours à très haute altitude avec une température le plus souvent négative car la haut c’est glagla, il y a beaucoup de vent et le ressenti température peut aller jusqu’à -20°… Bref, on les admire car cela ne va pas être facile pour eux et certains du 105 commencent à s’inquiéter vraiment. Le départ est à minuit.

Pour nous c’est tout de même plus facile, 44km et 2800m de dénivelé annoncé, 3 cols, un col à plus 3200m et 2 cols à 2900m, 3 montées et 3 descentes, le départ sera à 6h le lendemain. Le temps ne devrait normalement pas être trop mauvais, mais il faut s’attendre à tout en montagne…en effet... et puis les pluies des dernières semaines ont agrandi les ruisseaux mais bon en Anjou on a l’habitude d’avoir les pieds trempés ce n’est pas trop un problème. Plus qu’à finaliser notre sac et là pour moi la pression commence à monter, car c’est toujours un moment délicat (amener ce qu’il faut mais pas trop non plus pour ne pas avoir un sac trop lourd). Après une nuit un peu courte habituelle des veilles de course et un réveil à 4h du matin, on file au petit dej, pas trop faim mais il faut manger vu ce qui nous attend dans la journée.

A 6h, on nous regroupe sous la tente pour un dernier point, puis c’est le grand départ au rythme de l’hymne de l’UTAT, voilà c’est parti ! Allain file devant il est bien plus rapide que nous et vise un bon chrono, avec Héloïse on part toutes les 2 et Alain et Christine vont faire la course ensemble.  Après seulement 1km, première traversée de ruisseau,  les pieds sont déjà un peu humides, pas grave, on attaque la première montée, les frontales font des serpentins dans la nuit c’est magique, fin du premier col, au détour d’une crête l’aube se lève et c’est …..beau !!! une vue panoramique somptueuse sur les cols enneigés du haut Atlas, la descente ensuite est un vrai régal, très roulante on se fait bien plaisir avec Héloïse qui descend mieux que moi et m’entraîne dans son sillage, on arrive au très joli petit village d’Aguns avec ses cultures en terrasse et on file le long de la rivière vers le 1er PC à Timichi  sous le soleil(20ème kilo) 1er ravito et un petit thé à la menthe qui fait du bien. Là les nouvelles de la météo ne sont pas rassurantes, le vent s’est levé, au sommet du tizi n’Tacheddirt il fait très froid, le vent, la pluie voire de la grêle nous attendent, vérification des sacs : sous couche, gants, bonnet et coupe-vent  sont obligatoires pour la montée. Tout ça n’est pas très rassurant mais on commence notre montée 8km et 1300m de dénivelé. Hop on sort les bâtons et inch’Allah je file devant et Hélo est juste derrière, elle me dit de filer et je pense bien qu’elle va me rattraper dans la descente de toute façon, les paysages sont grandioses et variés pendant cette montée, on passe par toutes les couleurs de roche (rouge, beige, gris, brun..) avec des paysages plus ou moins arides ou verdoyants dans le fond des vallées, c’est magnifique. Le temps lui par contre se dégrade au fur et à mesure, le vent est très fort et je fais une pause afin de m’équiper : manches longues, veste, bonnet et gants, les derniers kilomètres sont éprouvants et au sommet du tacheddirt même la tente des bénévoles n’a pas tenu et s’est envolée, les pauvres ont trouvé refuge derrière un rocher. Autant dire qu’on s’éternise pas là-haut et qu’on attaque la descente dare dare les buissons sont piquants et la descente est assez technique mais le vent ayant diminué cela devient plus facile, 6km plus bas on est accueilli par les enfants du village qui nous donnent la main et nous accompagnent jusqu’au ravito de Tacheddirt. C’est un vrai moment de joie et de réconfort de voir leur petite bouille souriante. Un autre petit thé à la menthe réconfortant et c’est parti pour la dernière montée. Là je me dit : « aller plus que 600m de dénivelé », que 600m…mais pas les plus faciles, ça grimpe dur et tout le temps, des gros rochers  c’est interminable, on tourne autour du col sans jamais voir le bout…enfin presque ! Et puis voilà le tizi n’Addi (2960m), et là un mélange de joie d’arriver au bout de cette dernière montée et de regret que ce soit déjà terminé ! Il reste malgré tout la descente, la dernière et l’arrivée à Oukaïmeden.7h48 de course. Trop contente !! Beaucoup d’émotions à l’arrivée, je retrouve Alain, qui a dû faire demi-tour assez rapidement à cause d’un genou douloureux , Laurence qui nous a attendu toute la journée et Allain arrivé devant moi en 7h06, Héloïse arrive juste derrière moi en 8h11 et Christine plus habituée aux 100km route et aux marathons termine en 9h28 ravie de sa course.

Le premier coureur du 105 arrive en 19h04, c’est Rémi Loubet, le 2ème en 20h36, Sébastien qui est dans notre dortoir ! Ils ont dû supporter des conditions météo extrêmement difficiles et nous savons déjà que beaucoup de coureurs du 105 n’arriveront pas à boucler le parcours très exigent avec des conditions comme celles-là. C’est le cas de 2 jeunes de notre dortoir Jihane et Renaud qui s’arrêteront au PC 10 avec un gros groupe de coureurs qui se baptiseront « les rescapés du PC10 » avec beaucoup d’humour.

Le dimanche les plus courageux pouvaient repartir sur le 26km pour le challenge ou sur le 12, nous avons opté pour une petite balade de récup avec encouragements aux valeureux coureurs du 26, du 12 et aux arrivants du 105km.

Le dimanche soir c’est la fête à Oukaïmeden et la fameuse soirée couscous et pâtisseries marocaines, on a un peu prolongé la fête avec certains coureurs et des bénévoles au CAF, mais bon je n’en raconterai pas plus ce qui se passe à Oukaïmeden reste à Oukaïmeden ! Juste que le chemin du retour le lendemain sur une route sinueuse en descente a été compliquée pour certains estomacs….

Déjà le temps de dire au revoir à tout le monde, nous avons eu la chance de rencontrer des personnes extra : coureurs, bénévoles, staff de l’organisation et staff local. Un grand merci à tous, cela restera un souvenir inoubliable pour moi. Pensée particulière pour mes compagnons de route qui ont dû me supporter pendant ces 5 jours. Bravo à eux !

Lolo

 

 

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