Championnat de France de marathon - Sénart 2017


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Championnat de France de marathon - Sénart 2017

Après le marathon de La Rochelle il y a 6 mois, et l'obtention de ma qualification pour les championnats de France, j'ai donc remis le couvert ce WE à Sénart.
Ça ne pouvait pas être un remake de La Rochelle. J'avais fait la préparation seul, et nous n'étions pas en famille compte tenu des intempéries prévues. Nous avions bien constitué un groupe marathon au club mais avec des dates différentes, ce qui ne facilitait pas le partage des séances communes. J'étais content de savoir Jean Marie avec moi sur ce nouveau défi. Je lui devais en plus ma petite phrase qui avait tout déclanché à La Rochelle. Compte tenu de ses objectifs chronos et des miens, je devais donc y aller en solitaire avec des conditions climatiques moins favorables. Tant mieux ! Quitte à refaire un marathon autant qu'il m'apporte de nouvelles expériences et de nouveaux repères ! J'y vais donc en mode combattant avec un objectif affiché de 2h56'30. J'écris d’ailleurs sur mes mains mes temps de passage prévus tous les 5kms, du 5eme au 40eme. Mon objectif est de courir toujours au même rythme.
La préparation s'était très bien passée avec un gros volume d'entrainement (environ 35% de plus que mon entrainement de La Rochelle).
La nuit qui précède je ne dors pas bien (normal, mais je me repose bien). Le gatosport du matin passe difficilement. Direction le site d'arrivée pour prendre la navette qui nous amène au départ. ce n'est pas une boucle donc il y a un transfert en bus. Je suis malade sur ces 20 minutes qui me parraissent une éternité, je suis à deux doigts de vomir... il était temps qu'on arrive. L'arrivée sur site, la dernière heure avant le départ se passe bien. Aucun oubli, 3eme passage aux toilettes pour vider tout ce qu il faut ^^. Je cherche Jean Marie un peu partout mais je ne le vois pas. Et arrive l'heure du départ. Je me présente un peu tard au sas, du coup je démarre du fond du sas. Le départ est retardé de 5 minutes. Enfin le décompte et c'est parti.
L'émotion ne me submerge pas. Je suis déjà en train de rechercher de la vitesse pour me faufiler et revenir vers le devant du peloton. En effet dans le sas france il y a les féminines et les master 2-3 qui courent moins vite que moi, il faut donc que je me fraye un chemin. Un homme tombe juste devant moi, je l'évite tout juste. Avec bonheur j'aperçois Jean Marie. Je le rejoins, on papote un peu et je lui dit à plus tard... c'est ne pas connaître Jean Marie ! Il me doublera deux fois et partira devant moi jusqu'au 9eme km. On fera un bout ensemble et je le retrouverai finalement à l'arrivée.
Mon rythme est bien, certains me doublent, je reste constant et fidèle à mon objectif : 4'11 par km. Tout se passe très bien et facilement jusqu'au 14eme km.Là je sens une toute petite douleur au pied gauche et à la cuisse. Je comprends à ce moment là que ces petites douleurs peuvent monter et devenir handicapante pour la fin. Le pied, ça tient bien, mais la cuisse gauche me fait souffrir. La douleur ne m’empêche pas de courir, mais je la connais. J'ai déjà vécu cette pointe dans la cuisse, qui a par le passé toujours débouché sur une déchirure musculaire. Cette petite épine dans la cuisse qui lance à chaque foulée irradie dans toute la cuisse gauche. Au 21eme km, je me pose sérieusement la question de l'abandon. Je passe le semi à la seconde près à l'allure programmée sur mon plan. Je suis seul, je dois rentrer en voiture sur La Pom' ce soir, comment je fais si je ne peux utiliser ma jambe gauche ??? Et finalement je fais l'inconscient, je me dis qu'il se passera ce qu'il se passera, mais j'ai pas fait 3 mois de préparation, des semaines à 5 séances pour dépasser les 100kms par semaine pour ne pas aller au bout de l'aventure. Si je fais une déchirure, et que j'abandonne, ça sublimera davantage le marathon fait à La Rochelle...
A ma grande surprise la douleur se stabilise, je décide donc de modérer légèrement ma vitesse. je pense alors à passer juste sous les 3h, histoire de valider le principe acter avec mon frère : un CREPEL fait toujours un marathon en dessous de 3 h ^^ On nous avait annoncé un cap difficile au 25eme avec un gros vent de face. A ma grande surprise, le vent est presque de côté. ça me soulage. Je tente toujours de garder le rythme. Au 27eme c'est cette fois ma cuisse droite qui fait le même scénario. Et au 28eme, on arrive cette fois en plaine dans une ligne droite interminable de 4km face au vent. Les douleurs remontent dans chaque cuisse et quand je passe le 32eme, j'ai l'impression d'avoir deux buches à la place des cuisses, avec des douleurs tantôt sourdes, tantôt aigûes... Mais je ne lâche rien. J'entends à ce moment là une petite voix derrière mois. Je comprends que ça vient de mon téléphone. Les personnes qui me suivent via une application mobile m'envoie des messages d'encouragements. J'ai des frissons de savoir qu'ils sont devant leur écran à me suivre. Je ne lâche rien, je sers les dents et je pense qu'il ne me reste que 10kms. A partir de ce moment là je ne me ferai jamais doubler. Je doublerai en revanche des dizaines de coureurs qui, partis trop vite, ne tiennent pas leur allure. 40/45 minutes c'est ce qu'il reste et je ramène ça à une petite séance à la Pom. C'est pleinement abordable ! Mais je n'ai pas la force, comme à La Rochelle, de relancer plus vite. Je limite la casse en maintenant mon allure. Les kms defilent et la certitude de finir le marathon grandit. Au 35eme on arrive en ville et je sais que la fin sera à l'abri du vent, et avec une belle descente pour finir. Au 37eme, je tente de courir plus vite comme me l'avais conseillé Mickeal (coach au club). J'y arrive mais ce n'est pas flamboyant. Le 40eme km est long pour moi. Je prends un dernier gel, et devant ma perte de vitesse (je perds 10s au km) je hurle et je me motive. Etonnament cela décharge en moi une énergie nouvelle dans tout mon corps. Je recrie une deuxième fois et je monte en puissance. J'ai repris un bon rythme à 4' au km. on arrive alors en ville avec les musiciens et les spectateurs, je redouble d'effort et je me lance à la poursuite de la ligne d'arrivée et du coureur le plus loin possible à l'horizon de ma ligne droite. Je le rattrape à 200m de la ligne d'arrivée. Je donne tout. je fait mon dernier km en 3'41. ce dernier tour sur le stade Alain Mimoun, j'en avais rêvé le matin en arrivant, la décharge d'adrénaline est bien là et je sprint les derniers 100m. Je franchis la ligne et l'émotion tant espéré est bien là ! Je crie et je pleure de joie. On m'interpelle car je saigne abondamment du nez. J'ai tout donné, j'ai courus avec deux pointes aux cuisses pendant 15 kms. j'ai 3 cloques aux pieds. je tiens à peine debout. Et le Chrono est bien là ! Dans les 2h57. Je regarde avec délectation le chrono officiel passer de 2h59'59s à 3h00'00 et je fond en larme. Je regarde mon téléphone et je relis tous les encouragements reçus pendant la course. A nouveau les frissons et les larmes me submergent. J'appelle Steph et je partage enfin avec elle et les enfants ce moment d'émotion. Je vais pleurer ainsi toutes les 5 minutes pendant 1 heure. Jean Marie arrive en 3h11 et je le sers dans mes bras. Chapeau à lui qui, sans prépa arrive à un tel résultat. Il a finalement coincé face au fameux mur du 30eme (le vent de face était vraiment dur à ce moment là). Ensuite nous croisons notre championne angevine, Corinne, qui remporte un nouveau titre de championne de France de marathon en 2h38'05. Impressionnant. Elle est incroyablement fraîche... respect ! 
La suite est un calvaire pour rejoindre la voiture. 300m accomplis en plus de 10 minutes.Je suis réincarné en canard pour la semaine, je le sais. Je ne parviens pas à rentrer dans la voiture, pris par les crampes. Il me faudra étirements et 5 minutes pour m’asseoir au volant.
Voilà je suis marathonien, pour la deuxième fois.
L'intensité de l'émotion était à nouveau au rendez vous. Fabuleux. Elle est finalement plus éphémère qu'à La Rochelle, où tout était réuni pour vivre quelquechose d'incomparable. 
Je garde en revanche une nouvelle chose de ce deuxième marathon. L'assurance de ma performance, de mon esprit de compétition, de mon courage et mon abnégation. C'est un peu présomptueux, mais ça me donne davantage de certitude. J'ai renouvelé mon exploit, et j'ai même amélioré mon chrono. J'ai été le chercher seul dans des conditions pas faciles. 
Je pense tourner la page marathon, tout du moins dans la recherche de performance. Je n'ai qu'un corps, et je l'ai suffisamment traumatisé ces 8 derniers mois avec deux prépas et deux marathons. Retour à la vrai vie dorénavant, avec une part consacré à la course à pied qui va revenir à la normale.
Merci à tous pour vos encouragements et vos soutiens. Je vous souhaite à tous de vivre de telles émotions, assurément pour moi les meilleurs souvenirs sportifs de ma vie.

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