Marathon La Rochelle

Merci à tous !

David et moi, nous sommes marathoniens depuis ce WE à La Rochelle.
Les mots nous manquent pour décrire les émotions qui nous ont traversés avant, pendant, et après la course.
Je dois avouer que quand j'ai décidé de t'accompagner David dans ce défi il y a 6 mois, je n'attendais pas un tel feu d'artifice. Habitué des trails depuis plusieurs années, j'ai toujours pris grand plaisir à ignorer le chrono et faire ma course en profitant de la nature. La loi du chrono était un carcan dans lequel je ne voulais pas rentrer, dans lequel je pensais être prisonnier. Mon frère me faisait rêver avec ses chronos et ses récits de marathon mais ses performances semblaient inatteignables pour moi.
Le marathon est une activité à part dans la course à pied. Le chrono et le rythme y ont une place prépondérante... et lorsqu'on arrive à le dompter et dépasser les limites qu'on pensait ne jamais franchir, les larmes coulent, les frissons parcourent le corps et les poils se dressent pendant de longues secondes. C'est en cela que le marathon procure des émotions sans pareil.

David a bouclé son marathon en 3h32min17s. un exploit pour lui qui espérait encore il y a peu atteindre les 3h40, qui n'est inscrit au club que depuis 3 mois (!!!). BRAVO, comme tous les finishers, du premier au dernier, tu as été cherché le Graal au bout de l'effort. Au passage, la galanterie ne nous a pas étouffé, puisque nous n'avons pas eu la courtoisie de faire moins bien que Julie il y a qqu semaines à Lausanne ;-)

ET moi...J'ai atteint le nirvana de ma course à pied. Sur les conseils de Sylvain, Mickaël, Jacques, ... et de mon frère, je pars sur un rythme tout sauf soutenu. Je m'économise. Je cours à la sensation ^^ sans regarder le chrono. Je suis une machine. Cette image, tiré d'un conseil de Sylvain, me hante. Après une course d'attente pendant 21km je franchis mon premier semi marathon en 1h31'47. Je garde le rythme jusqu'au 30eme, j'en garde sous le pied... et les jambes et mon esprit fourmille à l'idée de batailler avec le mur des 30/32kms. J'ai vraiment une envie d'en découdre qui monte...et puis je croise Steph, Mathis, Titouan, Malo et Ninon (mes 4 enfants), et Valérie,? Benjamin et Coline (femme et enfants de David) venus nous encourager. Je tape leurs mains et un frisson me traverse, une pensée dont la paternité revient à Jean Marie : je tente ma chance ! Je suis sur un rythme de 4min21/km, sensiblement en dessous de mon allure mini de 4'30 (objectif 3h10) et je décide d'aller chercher les 3h. Les multiples vaguent de frissons et d'émotions, les encouragements des derniers jours, les appels téléphoniques avec Maxime (marathonien en 2h46), les conseils des potes du club, de la famille, des amis... me transcendent.
Au 39/40eme kilomètre, toujours pas de défaillance mais des jambes au bord de l'asphyxie qui me piquent... et soudain la vision tant espérée : la flamme rouge du meneur d'allure des 3h... que je rattrape et qui me parait étonnamment seul. Je me mets à ses côtés pour lui poser LA question : "Rassures moi et dis moi que tu es dans les temps ?". Je mesure sur son visage la détresse et la défaillance qu'il est en train de vivre. Et il m'avoue qu'il est en retard. J'ai aujourd'hui une grosse pensée pour lui, il a du traverser un calvaire...
Sa réponse me provoque un électro-choc et je trouve injuste de devoir relancer, mais je repars au combat !
J accomplis finalement mes 10 derniers kms en 40min33 en doublant des dizaines et des dizaines de coureurs. Je fends la foule dans le dernier km en ayant l'impression d'arriver au final d'une étape du tour de France, mes jambes, mes abdos me brûlent, je fais un dernier km en 3min 53, le plus rapide de la course. Je hurle durant les 400 derniers mètres et la foule me répond me portant comme jamais je n'ai pu l'être.
J'arrive avec désarroi à 50m de la ligne d'arrivée devant le chrono qui défile et je vois le passage de 2h59'59s à 3h, je crie de détresse une dernière fois et finis à l'arrachée.
2 mètres après la ligne, j'exulte, je m'écroule et on m'aide à me relever.
Les minutes suivantes sont très dures, je pleure de joie et vomis après avoir tout donné (spéciale dédicace à vomito sur ce coup là, j'ai bien pensé à toi à ce moment là ;-p ).
J'ai le droit à un passage au massage et je retrouve finalement Stef et les enfants seulement 30 minutes après mon arrivée, et je pleure dans ses bras.
Et j'avoue être passé tout près de mon rêve de chrono à moins de 3h, à quelques secondes près... Mais avec un tel négatif split (deuxième semi en près d'1h28), avec un rythme moyen de 4'04/km sur les 12 derniers kms, je me raccroche à cette idée que j'ai fait une course parfaite. Presque parfaite.
Et le résultat tombe dans l'après midi, par un texto de mon petit frère : je finis mon marathon en 2h59min59s54centièmes ! En dessous de 3 h pour 46 centièmes. Je bénis à ce moment là le chronométrage au centième au marathon ! J'atteins un niveau de plaisir et d'émotion indescriptible. Quel scénario ! Gégé, à ce moment là, je me souviens de ta phrase lors du dernier entrainement : il n'y a rien au dessus du marathon en émotion ! Mon dieu que tu as raison !!!!!!!!
On ne peut résumer 3 mois de préparation, des heures de discussions et de conseils de mon entourage, 3h d'efforts à 46 centièmes... ces 46 centièmes je les dois à tellement de monde qu'ils ne m’appartiennent pas. Je les dois à ma femme et mes enfants, mon bébert, mon frère, ma famille, mes amis, mon club, le public, le beau temps... chacun hérite de ces centièmes gagnés. Je leur dois mon bonheur. Avec David, nous vous devons une partie de notre satisfaction... Donc MERCI à tous !

Merci Mickaël pour ton plan marathon (à breveter d'après mes amis !!!!), pour ton écoute et tes conseils, tes textos de la veille et du jour même

Merci à Sylvain pour ses conseils, ses encouragements et sa présence dans le coaching régulier qu'il nous a apporté

Merci à Jean Marie pour sa formule sans laquelle je ne me serrai peut être pas lancé dans le rush de fin de course

Merci à Jacques, Gégé, David, Fred, Thomas, Julie, ... avec qui nous avons forgés ces dernières semaines notre tactique de course grâce à tous les conseils et astuces donnés.

Merci enfin à tous pour la belle ambiance autour de nous lors de nos entrainements spécifiques, et pour vos encouragements le mardi qui précède la course.

(Désolé pour ceux que j'oublie...)

Je pense que j'ai atteint, sur ce coup-là, une sérénité et un accomplissement sportif que j'aurai du mal à retrouver. Je peux mourir tranquille  ;-)
Je vous invite à vivre cette aventure qu'est le marathon. il n'est pas écrit à l'avance, il peut être une torture et un échec... mais lorsqu'on va au bout, lorsqu'on dépasse les limites connus de notre corps... alors là oui on touche du doigt des moments d'exception qui alimenteront à coup les histoires de grand-père que l'on raconte à ses petits-enfants. Croyez-moi, les miens n'ont pas fini d'entendre parlé de mon marathon en dessous de 3h à 46 centième près : chaque effort, chaque instant de relance et de concentration, d'abnégation paye !!!!!

Longue vie sportive à tous, prenez tous un maximum de plaisir.